Richard Aubry, directeur du cybercampus de Libreville

XXIe siècle. Richard Aubry, directeur du cybercampus de Libreville, adepte des logiciels libres:

«Il y a fracture et facture numériques»

par Pauline SIMONET
QUOTIDIEN : samedi 18 février 2006
Source : http://www.liberation.fr

Directeur du campus numérique de Libreville, Richard Aubry est membre de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) depuis 1993. Il a vécu plusieurs années en Côte-d’Ivoire, au Sénégal et au Gabon.

Sur le même sujet
Fac-similé numérique
A lire. Sur le web…
Quel est l’objectif de ces campus numériques francophones ?

Ce sont des points d’appui technologiques installés au sein de 43 universités francophones, dont plus de la moitié se trouve en Afrique. Ces campus, cogérés par l’AUF et l’université d’accueil, visent à développer l’usage des technologies de l’information et de la communication dans les universités du Sud et d’en faciliter l’accès aux étudiants, aux enseignants ainsi qu’aux chercheurs de ces régions. L’objectif est d’intégrer l’Internet et les nouvelles technologies dans leurs habitudes de travail mais aussi de favoriser la circulation des connaissances dans l’espace universitaire francophone. Nous souhaitons offrir aux universitaires des régions les moins avancées technologiquement la possibilité d’être reliés aux universités du Nord et d’échanger leur expertise.

Quel bilan dressez-vous pour les différentes fonctions du campus numérique ?

Cela dépend des régions du monde, mais, en Afrique, notre premier objectif ­augmenter le nombre d’internautes ­ est atteint partout. Les formations à distance ou sur place dans les campus sont en pleine expansion. Nous avons commencé petit mais nous comptons développer fortement cet aspect de notre programme. Nous regrettons cependant que la production et la diffusion du savoir par les chercheurs du Sud restent pour l’instant à la traîne.

Quels sont les types de productions universitaires qui pourraient être favorisés par les nouvelles technologies ?

Nous offrons la possibilité de créer des revues en ligne, en donnant des subventions et des formations. Pour l’instant, à Libreville une seule revue, de philosophie africaine ( http://exchoresis.refer.ga ), a vu le jour. La création de sites institutionnels ou scientifiques de l’université ne rencontre pas beaucoup de succès non plus : un seul site est en ligne, regroupant des textes, éléments sonores et visuels sur les musiques traditionnelles d’Afrique centrale ( www.musiques-traditionnelles.ga ).

On propose également aux professeurs de mettre leurs cours en ligne, sans beaucoup de réponses pour l’instant. Même bilan du côté de la recherche : à part les médecins, peu de chercheurs ou de thésards sont intéressés par les banques de données que nous offrons. Nous devons renforcer la promotion de ces programmes.

Les campus numériques sont-ils aussi une riposte de la francophonie contre le monde anglo-saxon ?

Une autre ambition de l’AUF et des campus numériques est effectivement de concurrencer le rêve technologique américain et de montrer que l’Europe peut faire la même chose, en français si possible ! Nous faisons par exemple la promotion du logiciel de publication en ligne français Spip. Mais l’aspect financier est également très important : il y a la fracture numérique mais aussi la facture numérique ! Les logiciels et autres programmes vendus dans le commerce coûtent cher, surtout pour les pays africains. Nous faisons la promotion des logiciels libres, gratuits, accessibles à tous sur l’Internet, comme Linux. Nos ordinateurs sont configurés sous Linux dans les espaces du campus. Mais nous avons remis Windows dans les cyberespaces de l’université car les étudiants l’ont demandé, il y avait des problèmes de compatibilité. Notre combat pour les logiciels libres n’est pas encore gagné !

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *