SENEGAL – Concours général 2004 : Wade fixe les dix piliers

Concours général 2004 : Wade fixe les dix piliers de l’excellence
L’amélioration de l’enseignement au Sénégal passe par dix piliers que le président Abdoulaye Wade a rappelés hier, à l’occasion de la cérémonie de remise des prix aux 99 lauréats du Concours général sénégalais.

La création d’un système éducatif, qui prend en charge tous les enfants, du préscolaire au supérieur, l’institution des Collèges Universitaires Régionaux et la généralisation à tous les niveaux d’Internet font partie de ces piliers. À côté de la beauté de cette fête, il y avait, chez les lauréats, une joie immense de recevoir des prix et chez leurs parents, une fierté de voir leurs enfants récompensés.

« Les gens font beaucoup de fautes sur le participe passé et le subjonctif. Il m’arrive de prendre cinq minutes pour demander à mes collaborateurs comment éviter de faire une faute d’orthographe ou de syntaxe ». C’est le président de la République, Me Abdoulaye Wade, qui le disait hier, au cours de la remise des prix aux lauréats du Concours général 2004. C’était devant une assistance nombreuse qui n’a pas pu s’empêcher de rire. Le président de la République venait ainsi de poser une problématique de taille. Car, il ne se passe pas de jour sans que la langue de Molière ne soit agressée.

L’amélioration de la qualité du français, langue officielle et langue d’enseignement au Sénégal, est donc devenue une préoccupation majeure dans le système éducatif sénégalais. Dans ce sens, le président Wade a indiqué qu’un arrêté pourrait être pris par le ministère de l’Education sur l’institution de l’enseignement du français du cycle primaire à la Terminale, comme ce fut le cas lorsque le premier président de la République, Léopold Sédar Senghor, pointilleux en la matière, avait pris un décret concernant les virgules et les points-virgules. Citant en exemple quelqu’un qui passait pour maître dans l’art de manier le Français, le président Wade a salué les qualités linguistiques du parrain de l’édition de cette année, en l’occurrence, le premier président de la République, Léopold Sédar Senghor, premier Noir agrégé en Grammaire et premier Noir admis à l’Académie française.

Il a invité tout le monde à se retrousser les manches pour sauvegarder la langue française, puisque, a-t-il dit : «nous avons toujours été actifs dans la Francophonie ». Il a ensuite souligné l’importance des clubs littéraires et l’enseignement du théâtre. Dans cette mouvance, il a félicité les élèves du lycée Lamine Guèye, qui ont été lauréats du concours interscolaire de théâtre. Me Abdoulaye Wade a encouragé l’enseignement du Latin et du Grec, qualifiés comme langues mortes.

DIX COMMANDEMENTS

Le président de la République a aussi fait remarquer que le système éducatif sénégalais est axé sur dix commandements pour son amélioration. Ce sont : la prise en charge de tous les enfants pour l’éducation et la formation dans le public et le privé, la Case des tout-petits, l’introduction d’un module intermédiaire entre le secondaire et le supérieur à travers les Collèges Universitaires Régionaux (CUR), le culte du niveau international de l’excellence, le projet des « daaras » modernes, la promotion des langues nationales, le culte de la pureté de la langue officielle, le projet d’un Institut des langues et de la promotion du Français, la généralisation de la Bourse aux étudiants et d’Internat à tous les niveaux. «C’est cela qui explique ma générosité en ordinateurs», a souligné Me Abdoulaye Wade, qui a rappelé sa décision de doter chaque chambre d’étudiant d’un ordinateur et à chaque lauréat un ordinateur.

PLAIDOYER

Auparavant, Henriette Marie Agnès Venn Ciss, professeur de français au Collège Lamine Guèye, a lancé, prononçant le discours d’usage, un vibrant plaidoyer pour l’amélioration de la qualité du Français. « La langue française est le support de nos apprentissages scolaires et nous constatons que la baisse du niveau en français entraîne une baisse générale du niveau de nos élèves », a affirmé Mme Ciss.

Elle a ensuite déploré les conditions d’enseignement qui ne répondent pas toujours aux attentes. Classes pléthoriques, manque de matériels didactiques, etc. Or, a-t-elle insisté, la maîtrise du français ne peut se faire sans cet outil pédagogique indispensable qu’est le livre.Elle a ajouté que la qualité de l’éducation est un enjeu majeur pour le développement de l’Afrique. « Elle constitue une priorité pour l’UNESCO et ses Etats membres. L’éducation est aussi pour nos Etats un moyen pour réduire la pauvreté », dira-t-elle. Selon Mme Ciss, quatre périodes peuvent être citées dans l’enseignement du français au Sénégal. « De 1830 à 1960, l’enseignement du français était de type normatif et était marqué par l’entrée par la lecture. Au lendemain de l’indépendance, le Sénégal a opté pour la conservation des contenus et des méthodes de l’enseignement colonial, avec le français comme unique langue d’enseignement et ce jusqu’en 1965 ».

De 1965 à 1980, la méthode «pour parler français» du Centre de Linguistique Appliquée de Dakar (CLAD) a été adoptée. Elle a privilégié l’introduction de l’oral dans le système scolaire primaire. De 1981 à 1991, les Etats Généraux de l’Education et de la Formation ont préconisé la promotion des langues nationales comme langues d’enseignement. De 1991 à 2000, vu l’importance des langues nationales, la politique linguistique a défini une véritable politique de complémentarité entre le français et les langues nationales, en prenant en compte le multilinguisme dans la mise en place du processus de développement culturel, économique et social. Cette politique éducative est déjà menée dans les Ecoles Communautaires de Base (ECB), dans les Classes Elémentaires de Base (CEB) et dans certaines classes expérimentales.
Joseph B. Sene Et Moussa Sadio
Source : Le Soleil

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