Sénégal- FORMATION – Les écoles de journalisme «négligées» par les autorités

FORMATION – Les écoles de journalisme «négligées» par les autorités

Eugénie Aw et Latif Coulibaly crient leur colère Par Astou Winnie BEYE

Eugénie Rokhaya Aw Ndiaye, directrice du Cesti et ses collègues africains sont en séminaire, depuis ce samedi, pour réfléchir sur la présence francophone dans les initiatives multilatérales de formation au journalisme en Afrique. En effet, ils essaient de faire en sorte de développer des passerelles entre écoles de journalisme. Il s’agit, selon Mme Ndiaye, d’une initiative conjointe de l’Organisation internationale de la Francophonie et du réseau Théophraste qui est le réseau des écoles de journalisme. «(…) Développer des passerelles, c’est comprendre qu’en Afrique il existe une formation en journalisme, une formation de jeunes africains et de voir quelles expertises nous avons développées autour de cela et s’il y a une spécificité francophone. En tout cas de faire en sorte que cette partie de l’Afrique participe de plain-pied aux initiatives mises en place, que ces initiatives soient panafricaines ou internationales», a-t-elle fait savoir. «Ce que nous voudrons aussi, poursuit-elle, c’est comprendre la responsabilité de l’environnement général dans lequel opèrent les médias (…) et de montrer que nous avons développé une expertise des modèles et connaissances qui mérite d’être reconnu pas seulement en Afrique mais aussi au niveau international.»

Au sujet des journalistes non formés au Sénégal, la directrice du Cesti le reconnaît mais précise que «l’une des choses que l’évaluation de l’Unesco a reconnue, c’est que l’expertise existe, l’expérience et les modèles différents nouveaux aussi mais il n’y a pas assez d’espace de formation ni d’investissement». Elle dit avec colère qu’il n’y a aucun investissement de l’Etat du Sénégal pour s’assurer qu’il y ait de la formation en journalisme ici. Et, poursuit-elle : «J’en ai marre de constater malgré tous les efforts que nous faisons qu’il n’y ait pas un ordinateur ni caméra ou autre don qui vienne de l’Etat sénégalais. Nous sommes reconnus partout sauf dans notre pays. Les autorités font publiquement des promesses qui ne sont jamais tenues».

Abdou Latif Coulibaly, directeur de l’Issic, d’ajouter que «l’Unesco et la Francophonie n’ont jamais tenté de s’intéresser à nos écoles de formation en journalisme». Il considère qu’«il faut donner les moyens techniques et pédagogiques pour former les étudiants et cesser les palabres».
Un des collègues de Mme Ndiaye a été plus loin en critique lorsqu’il clame que l’Afrique disparaît petit à petit de l’Unesco. Mieux, précise-t-il, il y a des secteurs de l’organisation dans lesquels il n’y a plus de cadres africains ; c’est le cas de la communication. Pour lui, c’est comme si on ne voulait plus avoir d’Africains aux centres nerveux de décision. Aussi propose-t-il de continuer à convaincre, sur le plan de la communication, les hommes politiques lorsqu’ils participent aux réunions de l’Unesco afin qu’ils parlent de ce problème.

Toutefois, les objectifs de ce séminaire consistent à faire l’état des lieux des initiatives multilatérales de formation en journalisme en Afrique, en dressant une cartographie des organismes et une typologie des interventions ; d’évaluer l’impact de l’expérience et de l’expertise francophones sur les modèles et programmes de journalisme proposés en vue du renforcement des capacités des centres de formation en Afrique,…
Ce séminaire prend fin aujourd’hui. La Francophonie, représentée par M. Emmanuel Adjovi, répondra ainsi aux séminaristes qui lui auront posé leur problème.

Stagiaire
29-12-2008
http://www.lequotidien.sn

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