Internet: Une multinationale en puissance au Cameroun

Le nombre de travailleurs d’Internet va grandissant et les revenus sont plutôt satisfaisants.

1,5 million de Fcfa, c’est ce qui représente le revenu annuel moyen d’un travailleur débutant à la Fonction publique camerounaise en 10e catégorie, échelon A. Une somme qu’il perçoit généralement au bout d’une année de galère, sans salaire. Mais ce montant représente aussi la paye de Serge A., en seulement deux semaines de travail. Il est traducteur principal, et c’est une grande boîte qui l’emploie : Internet. Ce jeune diplômé a très vite su saisir l’opportunité d’emploi qu’offre cette grande multinationale. Au sortir de sa formation, il obtient un job qui lui impose un contact permanent avec les TIC. C’est ce qui va lui permettre de se familiariser avec l’outil informatique. Il le reconnaît d’ailleurs, sa maîtrise du Net est un atout de taille.

Les métiers de l’Internet recouvrent des domaines aussi divers que variés : gestion de projet, web design, gestion de l’information et des connaissances, suivi web, maîtrise d’usage, programmation, marketing et commerce, community manager. Des familles de métiers qui se développent en des dizaines d’emplois. Les personnes formées ne devraient avoir que l’embarras du choix. La production de piges par des journalistes formés est aussi un secteur très exploité. A 25.000 Fcfa en moyenne la pige, la paye menace de tutoyer le Salaire minimum interprofessionnel garanti, le fameux Smig, 28.216 Fcfa, après la revalorisation de juin 2008. Les salariés de ce système ont la possibilité de gagner autant que possible dans la limite des synopsis de reportages retenus. Un travail que certains ont choisi de pratiquer à temps plein. Mais la majorité en fait une activité parallèle. La grille salariale est souvent internationale. De quoi maintenir la vache grasse tout au long du mois. Du moins, pour ceux qui ont de la mesure dans les dépenses.

Ces opérations juteuses ne doivent cependant pas faire oublier les difficultés et dangers. Au Cameroun, le taux d’accessibilité aux TIC reste très faible : 5% en 2008, selon l’Agence nationale des technologies de l’information et de la communication (Antic) et l'Indice d'accès numérique (DAI) est de 0,16 sur une échelle de 0 à 1. La qualité, l'infrastructure, l'accessibilité économique et l'éducation (culture) font encore défaut. Les arnaques sur le web sont également un danger de taille. Lapalissade pour certains, mais dure réalité parfois pour ceux qui se font berner. Aujourd’hui Angèle M. travaille pour un grand quotidien national. Avant cet emploi, elle a exercé comme correspondante pour plusieurs cyberpresses. Pendant des mois, ses articles ont été publiés, mais elle n’en a jamais perçu le moindre centime. Alors, pour que le rêve ne vire pas au cauchemar, les experts tirent très souvent la sonnette d’alarme. Les internautes sont appelés à prêter la plus grande attention à quelques indices de crédibilité tels que la réputation du site, son nom de domaine, l’identification de l’auteur, la mise à jour, la finalité et l’utilisation du site.

Internet c’est comme dans la vraie vie, a-t-on coutume d’entendre dire. Sauf que dans ce village planétaire, le rêve est davantage permis. Les revenus de Serge A., 27 ans, lui ont permis de suivre une formation élitiste de deux semestres, dans sa boîte (sur Internet), pour un coût global d’environ 2 millions de Fcfa. Au bout de son apprentissage il sera désormais « Software Localisation Ingeneer » (Ingénieur en adaptation de logiciel). Ce projet terminé, Serge A. envisage de se focaliser sur ce que beaucoup de ses égaux n’obtiendront que dans plusieurs années, au prix d’énormes sacrifices : un terrain, une maison, une voiture et un grand mariage éventuellement. Mais l’un de ses grands rêves, sinon le plus grand, est de créer sa propre entreprise, afin d’employer le plus grand nombre de jeunes. Au regard de ses revenus, le projet est tout à fait réalisable. Un parfait dosage de volonté, d’abnégation et de foi, plus un charmant zeste d’ambition et de rêve jouent grandement en sa faveur. Ce d’autant plus qu’il tient la clef de voûte de son ascension sociale : Internet.

Source: http://www.cameroon-tribune.cm

16 mars 2011

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