ORIENTATION – Réussir les concours des écoles de commerce

LES MODALITÉS D’INSCRIPTION

Tenter le concours d’une grande école est un long parcours puisque les candidats sont généralement invités à s’inscrire en ligne dès décembre-janvier, avec une clôture des inscriptions entre janvier et juin selon les concours. Les inscriptions les plus précoces reviennent aux écoles accessibles après prépa, regroupées pour la plupart dans la banque commune d’épreuves BCE et le concours communEcricome. Pour ces écoles, il n’était possible de postuler que jusqu’à la mi-janvier… Mais pour les écoles postbac, il y a plus de temps, par exemple jusqu’au 30 mars pour Sésame et au 23 mars pour le concours Accès.

Les candidats doivent exprimer leurs choix d’écoles ou de programmes, ainsi que les centres d’examen retenus. Ils doivent aussi s’acquitter des droits d’inscription et fournir quelques pièces complémentaires (justificatifs d’identité, décision nominative de bourse…). La convocation au concours est souvent téléchargeable sur le site du concours choisi.

Par ailleurs, lorsque la sélection se déroule en plusieurs étapes, c’est au candidat de prendre rendez-vous avec les écoles où il est admissible et où il souhaite passer les oraux. «Attention aux délais, prévient Victor, qui a passé les épreuves de la BCE et le concours Ecricome en 2009. Il faut sans cesse vérifier sa boîte mail et consulter le site des concours aux heures creuses. Mon colocataire n’a pas pu passer les oraux des Ecricome parce qu’il avait contacté les écoles avec un jour de retard, alors qu’il était admis dans toutes les écoles. Une fois qu’on est admissible, il faut s’inscrire en ligne pour les entretiens sous quatre jours!»

MULTIPLIER SES CHANCES AU CONCOURS

Il est conseillé de postuler à plusieurs écoles regroupées sous un même concours. Celles-ci proposent généralement les mêmes épreuves, mais affectées de coefficients qui leur sont propres… «Pour Sesame, il est possible de postuler à une douzaine de programmes, mais les candidats en choisissent en moyenne quatre, précise Marie-Laure Vignaud, responsable de ce concours. Il faut rester cohérent dans ses choix. Autrement dit, opter pour des filières qui correspondent à la fois à ses aspirations et à son niveau.»

Enfin, examinez les statistiques sur la réussite des candidats: elles vous apporteront des informations précieuses sur la sélectivité des écoles et leurs différents programmes. Ainsi, la concurrence est généralement plus marquée pour les parcours anglophones car les candidats sont plus nombreux. «Au Cesem Reims, en 2009, on a enregistré 1808 candidats pour 15 places dans le parcours franco-britannique, contre 254 candidats pour 48 places pour le parcours franco-allemand», précise Patrick Coustenoble, directeur des concours et des méthodes.

LES ÉPREUVES ÉCRITES

Les écoles de commerce post-bac ou accessibles après un bac+2/3/4 se distinguent en proposant majoritairement des épreuves sous forme de QCM (questionnaire à choix multiples). Les écoles post-prépas, elles, ont recours à des exercices plus exigeants, nécessitant des capacités de rédaction et de réflexion plus affûtées. Généralement, les matières récurrentes à l’écrit dans les concours communs sont les suivantes: langues vivantes, culture générale/analyse économique du monde contemporain/histoire, géographie et géopolitique, logique générale et numérique/mathématiques, management et gestion et synthèse de textes.

Certains concours, comme Accès, Tremplin ou Prism, font passer des épreuves facultatives (pour la seconde langue), où seuls les points au-dessus de la moyenne sont pris en compte et s’ajoutent en bonus aux résultats des autres épreuves.

LE DÉROULEMENT DES ORAUX

Une fois déclarés admissibles à l’issue des écrits, les candidats sont appelés à passer des épreuves orales pour une admission définitive. Leurs compétences en langues vivantes (anglais et souvent une seconde langue) sont évaluées afin de tester leur aisance et leur niveau de compréhension et d'expression. Cette épreuve peut être basée sur une analyse de texte (article de presse, extrait de roman) préparée par le candidat juste avant l’entretien, ou consister en une discussion entre le candidat et le jury.

Les oraux de langues sont complétés par un entretien individuel et/ou collectif pour évaluer le potentiel du candidat, la cohérence de son projet d'études, et cerner sa personnalité. Traditionnellement, le jury se compose au moins d’un enseignant et d’un professionnel (cadre d'entreprise, spécialiste du recrutement…). L’entretien individuel s’appuie sur les informations fournies au préalable par le candidat dans son dossier personnel et son curriculum vitæ (cursus scolaire, expériences en entreprise, activités extrascolaires…). L’entretien collectif vise, lui, à évaluer les capacités d’argumentation du candidat, sa faculté à échanger dans une équipe, son sens de l’écoute et sa force de proposition.

Le barème et la durée des épreuves orales sont très variables selon les écoles et leur ligne pédagogique. L’Essca (Paris et Angers) se distingue par exemple dans le concours Accès en proposant près de trois heures d’épreuves… Par ailleurs, si la plupart des écoles appliquent le coefficient le plus haut pour l’entretien de motivation, celles qui sont très orientées à l’international (comme l’ESC Grenoble ou les écoles membres du concours Sesame) placent l’entretien et les oraux de langues sur un pied d’égalité. Le conseil de Victor? «Le jury souhaite voir des candidats qui ont des étincelles dans les yeux, et non des personnes formatées qui essaient de jouer un rôle… Dans les questions du genre “citez trois qualités, trois défauts, quel est votre vœu le plus cher, quel est votre plus beau souvenir?”, il faut montrer que l’on sait mettre de l’ordre dans sa pensée et que l’on est doté d’un esprit de synthèse. Toutes les positions sont acceptables dès lors qu’on les impose avec conviction!»

OPTIMISER LA PRÉPARATION

Les élèves issus des classes préparatoires sont totalement rompus aux épreuves qui les attendent dans les concours. Ce que confirme Victor: «Si on a eu de bons professeurs, on a balayé tout le programme ainsi que les annales de chaque école et il n’y a pas de surprise lors des épreuves… Nous avons par exemple travaillé sur toutes les annales de HEC depuis dix ans. Ce qui peut faire la différence, c’est tout le travail personnel fourni en plus. Pour développer ma culture générale, j’essayais par exemple de lire "Le Monde" tous les jours!»

Les concours des écoles post-bac ou les concours sur titres du type Passerelle ou Tremplin n’ont, eux, pas forcément de lien direct avec le cursus antérieur. «Les épreuves proposées ne font pas appel à des connaissances spécifiques acquises en terminale mais plutôt à des celles acquises tout au long de la scolarité du candidat (synthèse de document, épreuves de logique, épreuves de langues). L’épreuve de logique numérique représente, par exemple, un exercice de QCM chronométré auquel les candidats sont peu habitués… Une bonne préparation est nécessaire, notamment pour être rapide dans les réponses», explique Anne Lérot, responsable du concours de l’IFI Rouen (école post-bac rattachée au concours Sésame).

Il est impératif de s’entraîner sur les épreuves des dernières années. Les annales du concours (épreuves et corrigés), souvent mises en ligne, proposent des entraînements interactifs. Si ce n’est pas le cas, elles sont mises à disposition des candidats, gratuitement ou pour une somme modique. Sachez que les organisateurs des concours ne recommandent en général aucune préparation payante. La méthode la plus efficace est donc de faire les exercices chez soi dans les conditions de l’examen. Certaines écoles organisent des sessions de simulation. «Nos sessions de préparation au concours Pass sont gratuites et concernent les épreuves orales (revue de presse et entretien de motivation)» , précise ainsi éric Rode, directeur marketing du groupe Edhec (Espeme Lille-Nice). Des sessions du même type sont prévues pour l’épreuve de synthèse du concours Team. Plus généralement, les écoles organisent des journées d’informations au cours desquelles les candidats bénéficient de conseils de professeurs et d’étudiants admis.

LE BUDGET À PRÉVOIR

Les boursiers bénéficient de la gratuité des frais d’inscription dans la plupart des concours communs, ou d’une réduction de 50%. Pour les autres, tout dépend des concours, des écoles visées et du nombre de candidatures, sachant que pour les admissions parallèles (Tremplin, Passerelle), comme pour les concours communs des écoles post-bac, le tarif est dégressif en fonction du nombre d’écoles présentées…

Les écrits se déroulent dans des centres d’examens répartis dans toute la France (rarement à l’étranger), ce qui limite frais de transport et d’hébergement. En revanche, les oraux d’admission ont lieu dans les écoles choisies. Une façon de s’imprégner des lieux avant d’arrêter son choix. La plupart des écoles proposent un hébergement chez des étudiants ou en résidence universitaire pour réduire la note.«Sachant qu’un candidat à la banque commune d’épreuves (BCE) de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris postule à 10 écoles en moyenne, il dépense environ 800 euros, hors transport et hébergement», précise Thierry Debay, directeur du concours de la BCE. «Pour Ecricome, la majorité des candidats tentent les 6 écoles, soit un coût de 450 euros», ajoute Marine Perrache, responsable communication et recrutement international pour le concours Ecricome. Victor a ainsi dépensé environ 1000 euros d’inscription pour les écrits des 13 écoles présentées. Auxquels se sont ajoutés les frais de voyage pour les oraux: «J’ai logé chez les étudiants sur place, ce qui était économique et convivial. Mais si c’était à refaire, j’organiserais mieux mon "tour de France". J’ai attendu les résultats d’admissibilité de mes copains pour prendre mes billets de train et l’ordre dans lequel j’ai passé les oraux était illogique et peu économique…»

LA PROCÉDURE D’AFFECTATION

«La sélection s’effectue généralement en deux phases: l’admissibilité (les épreuves écrites passées dans un centre d’examen choisi par le candidat au moment de l’inscription) puis l’admission (oraux destinés uniquement aux candidats déclarés admissibles selon une barre d’admissibilité fixée par le jury), explique encore Thierry Debay. Un candidat admissible dans 10 écoles n’est pas obligé de passer les 10 oraux, mais peut se concentrer sur quelques-uns.»

À l’issue des oraux, les candidats qui ont participé à des concours communs prennent connaissance de leurs résultats et de leur rang de classement dans chaque école, sur liste principale (par exemple, 250ème sur 300 places) ou sur liste complémentaire (par exemple, 800ème sur 300 places), s’ils ne sont pas déclarés «éliminés». Selon leur classement et leurs priorités, ils hiérarchisent leurs vœux. Une procédure d’affectation, souvent centralisée, permet ensuite d’assurer la corrélation entre les souhaits d’intégration formulés par les étudiants, leurs rangs d’admission et les places offertes par les écoles. Contrairement à certaines idées reçues, votre chance d’intégrer une des écoles ne dépend que de votre rang dans cette école, et absolument pas du rang de cette école dans votre classement. Classez donc en premier l’école dont vous rêvez, même si vous n’y êtes pas très bien classé…

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Marie-Aline Desvignes

3/3/2011

Source: Le Monde

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