La Côte d’Ivoire se remet lentement en marche

A Abidjan, la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest (BCEAO) rouvre aujourd'hui son agence et les élèves reprennent le chemin de l'école. Les bailleurs de fonds multiplient leurs soutiens. Mais le chemin vers la normalisation reste long.

Les écoles ont timidement rouvert, hier, en Côte d'Ivoire, après plusieurs mois de crise post-électorale. De nombreux élèves et enseignants manquaient cependant à l'appel à Abidjan, notamment ceux qui viennent de Yopougon, ce quartier de l'ouest de la ville où des miliciens favorables à l'ancien président Laurent Gbagbo rejettent toujours l'appel à désarmer du président Alassane Ouattara. D'autres écoles ne rouvriront que la semaine prochaine, certaines étant encore endommagées par les combats des dernières semaines. L'annonce, hier soir, de la reprise du travail du personnel de l'agence principale de la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest (BCEAO) d'Abidjan – véritable poumon financier de la Côte d'Ivoire -participe de la même idée : le pays se remet en marche. Pendant quatre mois et demi d'une crise politique qui a pris fin le 11 avril avec l'arrestation de Laurent Gbagbo, l'économie ivoirienne s'est effondrée, le gel des activités portuaires entraînant la suspension des exportations de cacao. Pendant la crise, environ 400.000 tonnes de fèves de cacao se sont accumulées dans les ports d'Abidjan et de San Pedro.

D'autres signes de « normalisation » sont visibles. Les femmes partent de nouveau au marché en empruntant des taxis collectifs. Et les bailleurs de fonds se disent prêts à remettre la main à la poche. Le Fonds monétaire international (FMI) vient d'offrir son aide technique et financière. Tandis que la Banque mondiale – qui avait gelé son aide en décembre -entend débloquer plusieurs projets de développement à hauteur de 100 millions de dollars (70 millions d'euros). L'objectif est de rétablir les réseaux d'approvisionnement en eau et de permettre aux établissements scolaires et médicaux de mieux fonctionner. La France a annoncé le déblocage de 400 millions d'euros de prêts et de 2,5 millions d'euros d'aide humanitaire, la Commission européenne a promis 180 millions d'euros disponibles immédiatement pour aider à la reconstruction économique du pays et porté son aide humanitaire de 30 à 60 millions d'euros pour faire face aux besoins alimentaires de la population. L'Union européenne s'attelle aussi à supprimer les sanctions qui avaient pour but d'asphyxier financièrement le régime de Laurent Gbagbo.

Chantiers immenses

Malgré cette impulsion, les chantiers politiques et économiques restent immenses. La réconciliation reste à construire. Des tirs à l'arme lourde faisaient rage lundi encore dans le quartier de Yopougon. Alassane Ouattara a indiqué vendredi qu'il désarmerait « par la force » les groupes encore actifs s'ils ne déposent pas « rapidement » les armes. Il a aussi exigé le désarmement du « commando invisible » de l'ancien putschiste Ibrahim Coulibaly, qui contrôle toujours une bonne partie du nord d'Abidjan.

Quant à la reprise effective des cours dans les écoles, elle ne se fera vraiment que lorsque les enseignants auront été payés. Comme les autres fonctionnaires, ils ne l'ont pas été depuis deux mois et espèrent recevoir leur salaire cette semaine. Mais, pour l'heure, les banques restent fermées. Leur réouverture sera aussi la clef de la reprise des affaires pour les investisseurs étrangers.

MARIE-CHRISTINE CORBIER, Les Echos

www.lesechos.fr

27 avril 2011

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