Education de base : Gloire et déboires des instituteurs

Entre précarité et considération sociale en baisse, le métier d’instituteur court après son passé.

Le syndicat national unitaire des instituteurs et des professeurs d’écoles normales (Snuipen) a adressé le 6 mai dernier un préavis de grève [dès le 23 juin prochain, ndlr] au chef de l’Etat et au Premier ministre. Selon se syndicat, il s’agit de «réitérer nos revendications irréfragables et légitimes, qui depuis quelques décennies ne sont l’objet d’aucune solution ou alors de solutions biaisées, parcellaires, voire démagogiques, sinon insultantes et infantilisantes». Et de préciser que «notre démarche tend à susciter un authentique dialogue social institutionnel susceptible d’implémenter une négociation collective à même de trouver des solutions appropriées durables à toutes les revendications actuelles et à venir, notamment celles urgentes, constitutives du présent préavis de grève».
Ce mot d’ordre de grève remet à la surface la valeur du métier d’instituteur au Cameroun aujourd’hui. Adulé hier du fait de leur sérieux et des connaissances dispensées, en dépit de salaires généralement au rabais, les instituteurs sont aujourd’hui au bas de l’échelle sociale. 

Crise économique 
En réalité, l’éducation de base a été particulièrement touchée par la crise économique que le Cameroun a connue. 
Cela s’est matérialisé par l’arrêt des recrutements et formation des enseignants à travers la fermeture des Eni – Eniade 1988 à 1995, la déflation et mise massive et précipitée à la retraite des enseignants ayant 30 ans de service, même si leur âge à la retraite n’était pas encore atteint, une prime pour ne pas commencer à travailler tôt, dont jeune. 
Mais également, le gel des avancements et des reclassements, l’inexistence de profils de carrière, l’inexistence d’avantages particuliers, les effectifs pléthoriques, le déficit d’infrastructures scolaires, etc. «Le métier d’Instituteur d’année en année se déprofessionnalise. D’ici une dizaine d’année, il y a risque qu’il n’y ait plus d’instituteurs fonctionnaires, parce qu’actuellement, ils sont formés, recrutés comme des moniteurs indigènes de jadis, c'est-à-dire à titre précaire et essentiellement révocable en qualité de contractuel sous salarié avec aucune perspective de progression dans la carrière», souligne le syndicat.

Palliatifs 
Qui soutien du reste que le drame de cette gestion des ressources humaines est la considération professionnelle et sociale du corps des instituteurs qui, pendant qu’ailleurs est revalorisé en termes du niveau de formation et des avantages de carrière, qui font d’eux des professeurs d’école, chez nous, on les ramène au statut de contractuel qui n’est pas très éloigné du moniteur indigène qui, sous la colonisation était formé et recruté à titre précaire et essentiellement révocable.
«Les effets négatifs cumulatifs de cette politique ont engendré à ce jour, un déficit criard de plus de 30 000 enseignants et une dégradation de la qualité des enseignements et de l’école, et cela malgré les mesures d’urgences reposant sur le recrutement des Ivac et maîtres de parents actuellement caporalisés dans un statut palliatif illégalement dénommé «Instituteur contractuel» et autres réformettes «in vitro» du système éducatif», fait observer le syndicat.

Georges Alain Boyomo

23 mai 2011

Source: www.quotidienmutations.info

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