SUD-SOUDAN – Le pays a besoin de médecins et d’enseignants

Tous les matins, les couloirs de l'unique hôpital de Lankien sont remplis de pleurs d'enfants et de plaintes d'adultes. C'est à ce moment de la journée que les patients – grands ou petits – reçoivent les piqûres contre le kala-azar . Cette piqûre qui peut leur sauver la vie est douloureuse car le médicament injecté est sirupeux et doit être administré lentement.

C'est Médecins sans Frontières (MSF) qui gère depuis 1995 l'hôpital de Lankien, situé dans le nord-est du Sud-Soudan. On est en train de se préparer pour parer à l'épidémie de kala-azar qui a débuté l'année dernière. Les parasites qui provoquent la maladie sont transmis par les mouches à sable très actives pendant la saison des pluies qui vient de débuter au Sud-Soudan.

Les symptômes du kala-azar sont des éruptions de boutons qui apparaissent des semaines, voire des mois après l'infection de la personne par les mouches. D'autres problèmes peuvent se manifester quelques mois ou quelques années après l'infection comme de la fièvre, des atteintes du foie et de la rate, ainsi qu'une anémie.

120 médecins pour 8 millions de personnes

'Les patients sont des personnes qui dorment à la belle étoile, comme des militaires, des commerçants, des nomades et des pauvres', explique la femme-médecin néerlandaise, Hanna Jellema. Les patients ont besoin d'une ou deux dizaines d'injections pour être sauvés.

La majorité des soins effectués au Sud-Soudan, qui devient indépendant ce 9 juillet, sont prodigués par des organisations étrangères comme MSF. On compte 120 médecins et quelque 80 infirmiers qualifiés pour une population d'environ 8 millions de Sud-Soudanais.

Les patients doivent parfois marcher des jours durant pour accéder aux soins de santé. Le Sud-Soudan connaît le taux le plus élevé au monde de mortalité maternelle et infantile.

La 54ème nation à naître est extrêmement sous-développée, dû à des dizaines d'années de guerre. La construction d'hôpitaux et de cliniques n'est pas inscrite sur la liste des priorités du gouvernement de Juba. Les autorités se reposent pour le moment sur l'aide médicale étrangère.

'J'ai bien peur que MSF mette un certain temps avant de pouvoir déléguer cet hôpital au gouvernement en raison du manque de personnel médical entraîné', dit Hanna Jellema.

Illettrisme

L'enseignement médical et le manque d'expérience sont les deux autres problèmes majeurs que va rencontrer ce nouveau pays. Le ministre de la Santé pense que vingt ans seront nécessaires pour compter un nombre suffisant de Sud-Soudanais avec un niveau de connaissances médicales suffisant.

Environ 85% de la population est illettrée. Plus d'un million de Sud-Soudanais on été à l'école primaire, mais le taux de fréquentation reste encore l'un des plus bas au monde. Tout ceci est dû au manque de locaux scolaires, d'enseignants, de matériel scolaire et la nécessité pour les enfants de travailler afin de compléter les maigres revenus de leurs parents.

"Un autre obstacle important est le fait que la culture ne stimule pas les filles d'aller à l'école", dit Nyang Tal, instituteur à la plus grande école primaire de Leer, une ville qui se trouve à 200 km à l'ouest de Lankien.

"En particulier pour les parents nomades, qui ne voient pas le besoin d'éduquer leur filles. Ils les gardent chez eux jusqu'à ce qu'elles soient assez grandes pour être mariées contre une dot d'une douzaine de vaches.

" Nyang Tal n'a pas eu de formation d'instituteur. Il est juste allé à l'école pendant huit ans, dans un camp de réfugiés en Ouganda. Dans son temps libre, il suit des cours à domicile.

Bleu de travail

En plus d'un manque d'écoles primaires et secondaires, le Sud-Soudan souffre également d'un manque de centres de formation pour les métiers techniques, comme mécanicien, maçon ou électricien. Des étrangers de pays voisins prennent la plupart des emplois disponibles.

Nyang Tal parle correctement l'anglais, qui a été adopté comme langue officielle du Sud-Soudan. Et même si son Anglais n'est pas parfait, il parle mieux que la plupart des gens qui sont restés pendant la guerre et qui ne parlent que leur langue tribale ou l'arabe. "Je m'inquiète de mes fautes en anglais, car je vais devoir l'apprendre aux élèves. Mais c'est toujours mieux que d'être analphabète."

http://www.rnw.nl/africa

8/7/2011

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