EMPLOI – L’emploi des jeunes : Une priorité pour l’Afrique

Le 17ème Sommet de l’Union Africaine (UA) s’est tenu les 30 juin et 1er juillet 2011 à Malabo, en Guinée Equatoriale sous le thème «Accélérer l’autonomisation des jeunes pour le développement durable».

En réalité, les autorités africaines s’entendent sur le fait que l’aggravation de la situation de l’emploi en Afrique s’est traduite par des types d’emplois vulnérables répandus à travers le continent et affectant particulièrement les jeunes. Néanmoins, il convient de reconnaître que le continent fait face à un défi sévère de l’emploi et qu’il est nécessaire voire même urgent de résorber la question du chômage des jeunes, ainsi que le décalage entre le système éducatif et les besoins du marché du travail en particulier, mais aussi le sort des travailleurs de l’économie informelle. N’est ce pas que, successivement, certaines récentes grandes rencontres de l’UA, notamment celles de mars 20101, avril 20112 et juillet 20113, ont été l’occasion d’évoquer principalement des thématiques que nous nous permettrons de résumer ainsi qu’il suit :

  • Les politiques de l’emploi et la question de leur financement pour une réduction du chômage ;
  • Les politiques sociales et la promotion de l’emploi des jeunes ;
  • L’accélération de l’autonomisation et l’émancipation des jeunes.

En effet, la Déclaration spécifique sur l’emploi des jeunes de Yaoundé, lors de la 8ème session de la CTAS4 de l’UA, invitait cette 17ème Assemblée des chefs d'Etat et de gouvernement de l’UA à promouvoir l’emploi des jeunes. La volonté des dirigeants de l’UA pour l’amélioration de la situation de l’emploi ne fera que renforcer l’engagement pris, à Yaoundé, par les ministres du Travail et des Affaires sociales, les employeurs et les syndicalistes de l’UA à réduire le chômage des jeunes et des femmes d’au moins deux pour cent chaque année dans un délai de cinq ans, et harmoniser les systèmes d’information sur le marché du travail en soutenant l’élaboration, la mise en place et l’évaluation des politiques d'emploi.

Ce 17ème sommet a été l’occasion pour les chefs d’Etat et de gouvernement africains ainsi que des jeunes hommes et femmes de se livrer à un exercice inédit : un débat franc et ouvert.

En fait, la jeunesse africaine, représentée par des jeunes venus des cinq régions du continent, de l’Union panafricaine de la jeunesse et du corps de jeunes volontaires de l’UA, a apporté son message qui a attiré fortement l’attention de l’Assemblée sur les menaces que peuvent représenter le chômage des jeunes, la baisse du niveau de l’enseignement et un marché du travail inaccessible.
Les autorités africaines ne manquant pas au passage de rendre hommage à la jeunesse africaine ont, à leur tour, reconnu :

  • l’accès limité des jeunes du continent au marché du travail ;
  • l’aliénation sociale, politique et économique dont les jeunes sont les principales victimes ;
  • le chômage des jeunes qui est un facteur amplificateur de l’immigration clandestine.

Les chefs d’Etat et de gouvernement se sont montrés réceptifs et ont exprimé la volonté de répondre aux attentes des jeunes. Ainsi, ils ont proposé comme solutions durables aux préoccupations de leur jeunesse :

  • L’investissement accru dans l’éducation et la formation
  • L’investissement accru dans l’insertion économique, sociale et politique des jeunes ;
  • L’introduction de formations professionnalisantes prisées sur le marché de l’emploi ;
  • La promotion de la participation populaire dans les processus de prise de décisions.

Ces stratégies pourraient constituer un «incubateur de développement» en permettant de résorber le malaise sociétal, d’améliorer la compétitivité du système d’enseignement et l’autonomisation des jeunes.

Les chefs d’Etats et de gouvernement ne se sont pas limités à élaborer un inventaire de ce qu’ils devraient faire pour la jeunesse mais ils ont proposé concrètement comment mieux soutenir celle-ci. C’est ainsi que certains d’entre eux ont formulé des recommandations et présenté les actions entreprises dans leur pays respectif en faveur de l’autonomisation des jeunes. Par exemple, investir dans l’agriculture ainsi que dans les économies vertes pour renverser la tendance de la désindustrialisation et développer des types de programmes qui donnent des possibilités d’apprentissage aux jeunes, promeut l’entreprenariat ainsi que l’emploi rural (cas du programme «Emploi jeune» au Mali). C’est alors qu’ils se sont mutuellement recommandés qu’il faut, désormais et surtout, aller au-delà des stratégies et accorder plus d’attention à l’action.

Dans sa présentation de la politique générale de la jeunesse de l’UA, le Commissaire de l’UA chargé des ressources humaines, de la science et de la technologie, le Professeur Jean-Pierre Ezin, a rappelé que pour palier le taux élevé du chômage des jeunes, il est nécessaire de «créer dans tous les Etats membres un environnement propice à la création d’emplois, allouer des ressources additionnelles pour la mise en œuvre des politiques de l’emploi et à investir massivement dans l’éducation afin de mieux préparer les jeunes pour le futur ». Il a souligné l’engagement de la Commission de l’UA dans plusieurs programmes et projets en vue de renforcer la capacité de la jeunesse et assurer leur participation conséquente ; ce qui constitue autant de preuves de la volonté de placer la jeunesse au cœur des priorités de l’UA. Parmi ces initiatives, l’adoption, en juillet 2006, de la Charte africaine de la jeunesse entrée en vigueur, en août 2009 marquait le commencement d’une ère dynamique pour la participation des jeunes à des dialogues, à la formulation de politiques et d’initiatives de développement pour veiller à ce que leur opinion soit prise en compte. Dans ce même sillage, on peut citer :

  • La célébration de l’Année africaine de la jeunesse en 2008 ;
  • L’institutionnalisation de la Journée africaine de la jeunesse ;
  • La mise en place du Corps de Jeunes Volontaires Africains ;
  • La proclamation de la Décennie pour le développement des jeunes (2009-2018) ainsi que l’élaboration de son Plan d’action décennal ;
  • La déclaration de la promotion de la formation technique et professionnelle.

De plus, l’établissement de l’Université Panafricaine et de centres d’excellence selon les standards internationaux, la plateforme de développement des sciences et technologies et TIC constituent autant de propositions pour promouvoir l’emploi des jeunes. La Commission a aussi plaidé pour le renforcement des institutions d’enseignement et d’acquisition de connaissances à tous les niveaux du système éducatif africain.

Au final, les jeunes se sont adressés solennellement aux chefs d’Etat et de gouvernement pour faire part de recommandations allant dans le sens de l’amélioration de leur insertion dans la vie économique, politique et sociale mais aussi pour exprimer leur volonté de les soutenir en vue de relever les défis du développement. Plus concrètement, ils ont demandé aux Etats qui ne l’ont pas encore fait de ratifier la Charte africaine de la jeunesse, de créer des Conseils nationaux de la jeunesse, d’instaurer la culture du volontariat et de l’apprentissage et d’inclure systématiquement des jeunes dans les délégations nationales participant aux réunions de l’UA. Ils ont aussi requis la création d’une agence des Nations Unies pour la jeunesse et d’une enveloppe budgétaire pour rendre l’Union panafricaine de la jeunesse autonome. Cela pourrait permettre aux jeunes de devenir les «vecteurs de l’émergence de l’Afrique ».

Les documents de la réunion sont disponibles sur le site internet de l’Union Africaine ou à la page http://www.au.int/en/summit/17thsummit

1  Troisième Conférence conjointe UA – UE des ministres des Finances, d’Economie et de Planification du développement, Lilongwe, Malawi.
2 8ième Session Ordinaire de la Commission du Travail et des Affaires Sociales de l'UA.
3 17ième sommet des chefs d’Etat et de Gouvernement de l’UA.
4 Commission du Travail et des Affaires Sociales.

 

http://www.africa-eu-partnership.org

22/07/2011

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