BURKINA-FASO – Institut supérieur des sciences de la santé : Trente étudiants admis au redoublement refusent leur situation

La rentrée est effective. Mais pas encore pour eux, ces trente étudiants de l’Institut supérieur des sciences de la santé (INSSA) de Bobo-Dioulasso. Ils ont été tous admis au redoublement pour une question de numérus clausus. Alors qu’ils ont eu la moyenne pour aller en classe supérieure.

Trente étudiants de l’Institut des sciences de la santé de Bobo-Dioulasso sont en train de revendiquer leur passage en 2ème année de médecine, alors qu’ils devraient redoubler. La raison principale de ce redoublement est que le Centre hospitalier universitaire Sourô Sanou de Bobo ne peut accueillir plus de trente stagiaires en médecine par an.

Voici brièvement les faits. A la rentrée académique 2010-2011, la présidence de l’Université de Bobo-Dioulasso soutenue par le Président du Conseil d’administration, exige de la direction de l’INSSA de recruter plus des 30 étudiants qu’elle a l’habitude de recruter depuis la création de l’Institut en 2005. C’est ainsi que l’effectif de la sixième promotion est passé à 75 étudiants. En fin d’année, le jury de délibération prononce les résultats en conformité avec le nouveau régime des études à l’INSSA qui précise en son article 11 alinéa 3 que le passage de la 1 ère à la 2ème année est conditionnée par le nombre de places disponibles pour les stages hospitaliers. Les mêmes étudiants auraient été informés en début d’année que le passage de la première année à la deuxième était régi entre autres par cet article-là. Aussi, les étudiants qui n’ont pas été classés dans la limite des places disponibles, qui sont trente et qui ont tous eu leur moyenne sans note éliminatoire se retrouvent dans une situation incertaine. Ils doivent redoubler. Face à cette situation, les étudiants et leurs parents réclament leur passage en deuxième année.

A quelques nuances près, c’est aussi la position de la présidence de l’Université de Bobo. Quant au Conseil scientifique de l’INSSA, réuni le 28 septembre, il ne veut en entendre parler tant que le nombre de places de stages hospitaliers au CHUSS n’a pas augmenté. Ce nombre est fonction de celui des lits au CHUSS. De à 530 lits à l’ouverture de l’INSSA en 2005, ce nombre est aujourd’hui de 490. Autrement, le Sourô Sanou, au contraire n’offre aucune possibilité d’augmentation du nombre d’étudiants à l’INSSA.

En effet, le cahier des charges de la création de l’INSSA précise qu’un Centre hospitalo-universitaire devrait être créé pour accompagner la formation des étudiants. Ce qui, pour l’instant n’est pas le cas. Mais le président de l’UPB argumente l’augmentation du nombre d’étudiants par le fait que l’Etat a investi depuis 2005 plus de 800 millions de F CFA pour permettre à l’INSSA de se retrouver sur son site ; en outre, le corps enseignant avoisine la trentaine après seulement six ans d’existence. Pour les stages des étudiants, la présidence de l’UPB estime que « au regard de ces efforts, il juge nécessaire que les effectifs de recrutement de l’INSSA puisse évoluer pour répondre aux attentes des nombreuses sollicitations ». Pour les stages, « il a même, avec le directeur de l’INSSA essayé de prospecter du côté de l’hôpital de Banfora », précise le compte-rendu de la rencontre hospitalo-universitaire CHUSS-UPB du 23 septembre 2011.

Le samedi 24 septembre, le ministre Albert Ouédraogo des Enseignements secondaire et supérieur, réunit autour de lui le président de l’UPB, le vice-président chargé des enseignements et le directeur de l’INSSA. A l’ordre du jour, « les problèmes liés aux délibérations des étudiants de la 1ère année 2010-2011 et les effectifs pour la rentrée 2011-2012 ». Au cours de cette rencontre le ministre Albert Ouédraogo « a souligné les désagréments de ce numérus clausus qui ne cadre pas du tout avec la recherche de solutions pour une rentrée apaisée. Il a ensuite rappelé aux participants les inconvénients que ce dispositif a entrainé à l’université de Ouagadougou » lit-on dans le compte rendu de cette réunion. Aussi, a-t-il « suggéré au directeur de l’INSSA de tout mettre en œuvre pour trouver une solution concertée avec les partenaires hospitalo-universitaires ».

Dans la recherche de solution, le ministre a « estimé que la prospection avec les Centres médicaux avec antenne chirurgicale (CMA) devrait être envisagée ». Pour cela, « il s’est engagé à poursuivre les procédures administratives (convention spécifique) pour permettre aux CMA d’appuyer l’encadrement des stagiaires. Ce stage débutant au second semestre, le ministre estime que d’ici là, des solutions idoines pourraient être trouvées pour l’exécution de stage infirmier des étudiants de 2ème année ».

Sur cette question, le conseil scientifique est catégorique. Aussi, « de façon unanime », ses membres entre autres décisions : « ont approuvé la décision de la commission hospitalo-universitaire de respecter l’effectif de 30 étudiants par ans, donc de ne pas admettre en 2ème année les étudiants revendicateurs ; s’étonnent que le contingentement des étudiants de la 1ère année en 2ème année soit considéré comme illégal alors que c’est le président de l’UPB qui l’a introduit ; quoi qu’il en soit, la décision du jury ne saurait être remise en cause, surtout par le président lui-même ; maintiennent à 30 l’effectif pour le recrutement du contingent 2011-2012, et ce jusqu’à augmentation des capacités d’accueil ; s’inquiètent que cette caution d’étudiants remettant en cause une décision d’un jury d’examen ne soit de nature à fragiliser l’autorité des enseignants et fragiliser le système éducatif de notre pays ; se proposent d’impliquer dans la résolution du problème, le président de l’Ordre des médecins du Burkina qui a certainement la préoccupation de la qualité de l’encadrement hospitalier des étudiants ».

Les trente étudiants qui se sont présentés le jour de la rentrée ne sont pas admis dans les salles. C’est sans autorisation qu’ils ont investi les salles. Le lendemain, à leur arrivée, seuls les tables des trente autorisés étaient dans la salle. Le bras de fer se poursuit puisque les parents sont prêts à leur acheter des chaises et des tables pour qu’ils puissent suivre les cours en deuxième année. A noter que les étudiants qui ont été recrutés en sus de trente habituels, ont été informés dès la rentrée en 2010 de la mesure de contingentement après la première année. Conformément à l’article 11 alinéa 3 du nouveau régime des études à l’INSSA.

Séri Aymard BOGNINI

12/10/2011

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