COTE D’IVOIRE – Que pensez -vous du taux d’admission au baccalauréat 2011 ?

A quoi devions-nous nous attendre ? Rien de mieux en tout cas.

En 1997, la dernière année où l’on a pu voir des résultats qui évoluaient en sens inverse d’un pays qui, petit à petit, s’avançait vers le couloir d’une crise sourde, le taux de réussite avoisinait les 80%, toutes filières confondues. Pour être plus précis, ce taux affichait 77,3%. Je m’en souviens, parce que j’étais de cette promotion, cette génération de jeunes ambitieux pour qui, l’échec n’était pas une leçon pour l’avenir, mais plutôt l’opprobre jeté sur son père ou sa mère.

Tout simplement. Cinq années plus tard, la moyenne d’admission avoisinait 22%. On est en 2002. Le mathématicien-statisticien lambda dira qu’entre 1997 et 2002, le taux de réussite au Bac est en recul de plus de 71%. Où va-t-on ? Avec ces chiffres qui vont decrescendo ? Sûrement vers moins l’infini. A en croire la logique de notre scientifique lambda, à la longue, il n’y aurait plus eu d’admis au Bac les années après 2002. Mais les résultats de 2003 avaient redonné espoir et ont fait mentir la science: 32,33%. Cette moyenne s’est stabilisée, on peut le dire, sur les 2-3 ans d’après. En 2005, les statistiques publiées par la direction des examens, concours et bourses (Decob) affichent 31,77%. On ne peut pas dire que le mauvais résultat de 2005 est lié à la crise, d’autant plus que bien avant cette situation, nous étions déjà couchés pour craindre de tomber. “Bac 2011, la débâcle!” On ne pouvait mieux dire. Le drame est que l’on cherche à coller aux différents régimes qui se succèdent et bien sûr, selon le bord auquel on appartient, les bons ou mauvais résultats de nos examens à grand tirage. On oublie presque que l’école ivoirienne se porte mal avec tous les symptômes pour des échecs présents et même futurs. Il ne faut pas avoir honte de le dire, élèves comme parents d’élèves sont des tricheurs. Pas tous heureusement : j’ai vu des parents payer le transport à leur enfant qui devait se rendre à 23h chez un de ses amis censé avoir le “pétrole”. J’ai vu des parents qui avaient accès à la reprographie des épreuves, souffler à leurs enfants, les chapitres sur lesquels portera l’examen, sans savoir qu’ils les perturbaient davantage. Pauvres ignares. J’ai entendu des jeunes discuter de la somme totale à remettre à l’examinateur pour leur laisser ‘simple- ment’ la possibilité de pouvoir communiquer entre eux ; ils étaient sûrs que celui-ci ne refuserait pas. C’est vrai qu’Abidjan est dur. On tremble à l’idée de savoir que des langues vont se délier si jamais moi, grand professeur du lycée J.P. Sartre, mon propre fils échouait. Il faut donc “l’appuyer”. On ne veut pas brouiller nos relations avec le président du quartier qui nous a prévenus que sa fille compose dans notre centre. Le mal est partout.

On apprécie la volonté des uns et des autres et les actions qui vont avec pour réduire la fraude, mais est-ce que toutes les cibles à sensibiliser ont été touchées ?

Un parent doit pouvoir dire, voici les lacunes de mon fils ou de ma fille, et voici les moyens entrepris pour les combler à chaque réunion de parents d’élèves. Un prof doit pouvoir dire, ‘c’est une insulte que de me tendre 20.000F pour vous permettre de communiquer. Le… reprographe doit pouvoir dire, “l’examen porte sur tout le programme de l’année” à ceux qui veulent plus de détails. Le directeur d’école doit pouvoir dire, “je ne veux pas que mon centre soit une raffinerie ou coule le petrole”. Enfin, l’élève lui-même doit pouvoir dire :

Honnêtement, je ne sais pas. Désolé de vous laisser sur votre faim. Je ne sais vraiment pas. Seul l’élève connaît ses ambitions propres.

Par Yeboua AKA

Écrit par Yeboua AKA    

Mercredi, 12 octobre 2011

http://www.fratmat.info

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *