ALGERIE – Réussir à l’examen ne suffit pas, il faut cartonner

Depuis que le taux de réussite au bac ne cesse d’augmenter, le plus grand souci des candidats n’est plus le succès mais la moyenne obtenue. Cette dernière est devenue la hantise de tous. Le bac en poche avec un 10 de moyenne est synonyme d’échec.

Un ouf de soulagement pour 560 000 postulants à l’université. Entamées le 3 juin dernier à travers tout le territoire national, les épreuves du baccalauréat 2012 prennent fin aujourd’hui. “L’examen s’est déroulé dans de très bonnes conditions” est le constat fait par le ministre de l’Éducation nationale qui a fait une tournée à travers des centres d’examens de plusieurs wilayas.

“Nous avons enregistré une bonne organisation au niveau des centres d’examen. Les observateurs dont le nombre a dépassé les 10 000 et les milliers enseignants chargés de la surveillance ont eu tous les moyens matériels nécessaires tels l’hébergement, la  restauration… Ce qui a permis le bon déroulement de l’examen”, a indiqué
M. Benbouzid. Le premier responsable de l’éducation n’a pas manqué tout au long de ses déplacements d’afficher son satisfecit et de s’enorgueillir d’avoir récolté les fruits d’une réforme tant contestée.

Une réforme qui a privilégié la quantité en faisant croire à la qualité par l’octroi de mentions auxquelles le bachelier lui même ne s’attendait guère. Le secteur est passé d’à peine trois mentions “excellent” en 2008-2009 à 49 en 2009-2010 pour atteindre les 64 en 2010-2011. Le chiffre risque de doubler cette année d’autant que les filles sont en force. Côté syndicat, le Cnapest a révélé mardi que des enseignants d’un centre d’examen situé à Chéraga ont été victimes d’une intoxication alimentaire.

Les enseignants qui devaient faire les cent pas dans des centres d’examen privés d’eau n’ont eu droit qu’à “un repas froid dont des boîtes de thon périmé”. Regrettant ce manque de considération, le Cnapest a appelé les enseignants “à rejeter ce déjeuner”. Du côté des candidats, les nouvelles sont mitigées mais tous sont unanimes à dire que l’attente des résultats prévus le 2 juillet prochain sera des plus pénibles.  En fait depuis que le taux de réussite au bac ne cesse d’augmenter, le plus grand souci des candidats n’est plus le succès mais la moyenne obtenue.

Cette dernière est devenue la phobie de tous. Le bac en poche avec un 10 de moyenne est synonyme d’échec. Les candidats espèrent pouvoir joindre l’utile à l’agréable en décrochant une moyenne qui leur permettrait de booster leurs chances pour s’inscrire à l’université de leur choix.

Nombreux sont les postulants notamment les brillants qui vous diront être sûrs d’avoir le bac mais ont peur de ne pas avoir la moyenne qu’ils souhaitent.

“Pour moi avoir le bac avec une moyenne de 10 ou 11 est synonyme d’échec. J’en serais touché doublement car d’un côté je n’aurais pas assez de choix et d’un autre ce serait une honte au sein de ma famille”, confie Ryma. Et d’ajouter : “Je ne suis pas brillante au point d’espérer une mention très bien et des études en médecine mais tout est possible au bac.” “Nous n’avons pas peur de l’échec nous sommes brillants mais nous nous angoissons beaucoup plus pour la moyenne. Il est beaucoup plus facile d’avoir le bac que d’avoir la mention espérée et méritée”, estime un lycéen.

Un autre raconte que “sa sœur qui n’a jamais eu une moyenne au dessous de 16 durant tout son cursus scolaire a décroché son bac en 2010 avec 12 de moyenne alors qu’elle a bien travaillé. Des camarades de sa classe qui ont rarement atteint une moyenne de 11 ont été étonnés d’atteindre les 14 !” Pour les postulants, l’enjeu réside dans la moyenne. À quoi serviraient le bac et les longues années d’études si, en fin de compte, la moyenne obtenue n’ouvre pas les portes des études supérieures souhaitées ?

http://www.liberte-algerie.com

7/6/12

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