CAMEROUN – Une jeunesse qui ne se passionne plus pour la France

Si la France était la destination rêvée des jeunes il y a encore quelques années, beaucoup n’éprouvent plus la même passion pour l’hexagone. En cause, le durcissement de la délivrance des visas et les discours sévères sur l’immigration.

Doris Ngandjou est étudiante à l’Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC) de Douala, au Cameroun. Lauréate de l’édition 2012 du Challenge Humanitech, un concours étudiant de l’invention humanitaire, elle devait recevoir son prix en France. Faute de visa, elle n’a pas pu s’y rendre.

“J’avais reçu tous les documents nécessaires pour l’obtention du visa de 4 jours. A savoir : la réservation de l’auberge de jeunesse où allaient séjourner tous les finalistes, un document attestant que je faisais partie des finalistes, et l’attestation de prise en charge pendant la durée de mon séjour”, se souvient Doris.

Le visa lui a tout de même été refusé par l’ambassade de France à Yaoundé. “Ils m’ont fait savoir que mon désir de retourner au pays après le challenge n’a pas pu être établi”, explique-t-elle. L’expérience de Doris, qui reste frustrée par cet épisode, arrive à des milliers de jeunes africains chaque année.

Partir, un jeu de hasard
Même s’ils sont encore nombreux à postuler et à recevoir des bourses, les jeunes africains s’attachent désormais à d’autres pays. Ils sont de plus en plus à nombreux à s’inscrire aux cours de langue anglaise, allemande, espagnole et même chinoise pour aller faire leurs études dans ces pays.

Ils sont aussi des milliers à rechercher la “green card” pour émigrer et travailler aux Etats-Unis sans parfois maîtriser la langue anglaise. “Les Etats-Unis au moins permettent aux gens de s’établir légalement dans leur pays grâce à la loterie. Je joue chaque année. Si je gagne, je vais partir. L’anglais n’est pas un problème. Je connais des gens qui sont partis sans comprendre l’anglais. Ils ont réussi. Alors, moi aussi je peux”, espére Marie, étudiante.

Sans l’approuver, elle affirme comprendre la France qui a déjà accueilli des nombreux Africains. “Pendant longtemps, c’était la première destination des Camerounais et plus largement des Africains francophones, raconte-t-elle. Elle ne peut pas avoir de la place pour tout le monde.”

L’anglais en force
Ce détachement vis-à-vis de la France semble même être devenu l’affaire de certains Etats africains. Alors que le Rwanda a officiellement inscrit l’anglais comme langue officielle du pays, le Gabon serait sur le point de le faire. Quand le président gabonais Ali Bongo a fait l’annonce en octobre dernier, ses opposants y ont vu un acte de chantage politique à la France.

“Pour un étudiant, apprendre l’anglais est très important. La plupart des publications scientifiques sont rédigées en anglais. Donc, ça ne peut qu’être une chance pour les étudiants gabonais si l’anglais devient deuxième langue officielle”, affirme Cyrille, enseignant chercheur à l’Université de Yaoundé.

Le changement, c’est maintenant
Cependant, avec l’arrivée au pouvoir de François Hollande en France, le discours sur l’immigration a relativement changé. Non seulement, il n’y a plus de publicité autour des expulsions des immigrés illégaux, mais le nouveau gouvernement entend régulariser les étrangers présents en France depuis plus de cinq ans pouvant démontrer avoir travaillé au moins huit mois durant les 24 derniers mois et capables de faire valoir une promesse d’embauche ou un contrat de travail.

Les parents d’enfants scolarisés depuis plus de trois ans et installés depuis au moins cinq ans en France seront éligibles à une régularisation. De quoi soulever un vent d’espoir chez certains Africains.

http://www.rnw.nl
15/12/12

One Comment

  1. Mart

    pour ma part j’estime que l’on a pas besoin de toujours partir pour mieux vivre
    en afrique on a la ressource
    en se battant de manière citoynenne à améliorer la gouvernance en Afrique on peut changer tellement de chose et garantir un mieux vivre pour nous et pour nos progénitures
    A force de fuir on ne saura jamais d’où l’on vient
    La jeunesse africaine a besoin de restaurer son identité et ce n’est pas ailleurs qu’on pourra le faire

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