POINT DE VUE – Ce que j’ai vu et appris en Turquie

Les Turcs, ne sont pas des arabes. Autrement dit, la vie en Turquie n’est pas très différente de celle que nous menons chez nous ici : pas d’accoutrement religieux apparent pour les femmes ni pour les hommes (les hommes aiment s’habiller en chemise, le plus souvent blanche bien fourrée) et les femmes en occidental. Ils sont en outre, très accueillants et contrairement aiment bien les Noirs vers lesquels ils accourent pour faire des prises de vues, demander d’où ils viennent et qu’est-ce qu’ils viennent faire chez eux. En clair, c’est un peuple ouvert qui cherche à se faire connaitre ainsi.

Les Turcs sont de gros travailleurs. Contre la nature qui les a défavorisés (quand il faut chaud, c’est l’extrême et quand il fait froid, c’est l’extrême également) ils ont pu trouver des réponses appropriées. Le pays est désertique, mais pour reverdir le couvert végétal, les Turcs ont planté partout des arbres…fruitiers en plus. Si bien qu’ils gagnent doublement. Même sur les collines, ils sont planté des arbres. Au Faso, depuis maintenant plus de vingt ans, on plante, on replante des arbres et le pays continue de devenir de plus en plus désertique. Non seulement les arbres que nous plantons ne sont pas tous fruitiers, mais ils ne durent que le temps de les mettre en terre. Faut-il continuer à planter alors qu’on ne peut pas entretenir ? Les Turcs nous donnent la leçon.

En Turquie, les pouvoirs publics et les populations ont compris que pour se développer, il faut être nécessairement éduqué. Aussi, ils ont décidé de mettre l’éducation au centre de toutes leurs actions. Que ce soit du côté des pouvoirs publics ou des populations elles-mêmes, chacun fait ce qu’il peut. C’est ce qui explique la construction tous azimuts d’écoles, de collèges, de lycées et d’universités partout. Des associations se sont organisées avec pour mot d’ordre d’aider l’Etat à la création et la construction d’écoles et de centres de formations. A Gaziantep par exemple, la plus grande université et la plus moderne est privée. Ce sont de bonnes volontés qui ont compris que l’Etat à lui seul ne peut réussir la formation des jeunes. Aussi, ont-ils décidé de construire pour le peuple, une université moderne. C’est la même mentalité qu’ils ont développée dans le domaine de la santé. Les plus grands hôpitaux sont privés et la vocation première n’est pas de se faire de l’argent, mais de contribuer à soigner la population si bien que les prix d’accès aux soins sont pratiquement nuls. Cependant, les petits bénéfices engendrés par ses services sont réintroduits dans d’autres activités similaires. C’est dire que la population turque est bien consciente que les pouvoirs publics sont limités dans leurs actions de développement.

En matière d’industrialisation, ils ont compris qu’ils ne peuvent pas faire avancer leur économie s’ils ne transforment pas sur place leurs productions. Le coton produit en Turquie est filé sur place dans des filatures privées. Les files ainsi produites sont utilisées pour fabriquer des habits, des jeans, des tapis (les tapis Pierre Cardin et Royal par exemple sont produits à Gaziantep en Turquie). En même temps, ils créent des emplois et résorbent ainsi le chômage des jeunes. Ce qui contribue à lutter contre la pauvreté.

Ce qui me convainc que si au Burkina Faso nous voulons réellement combattre la pauvreté, nous y parviendrons. Seulement, il faut que chacun comprenne que ce qu’il fait doit concourir au bien-être de tous. A commencer par les pouvoirs publics qui doivent donner le bon exemple. Ensuite, les populations par leurs propres actions peuvent bien impulser le développement. A condition de le vouloir. Au cas, contraire, comme a dit quelqu’un, nous passerons tout le temps à nous bagarrer sur le peu de ressources que nous avons alors que nous pouvons en produire davantage et satisfaire nos besoins.

Dabaoué Audrianne KANI
Mai 28, 2013
Source: http://www.lexpressdufaso.com

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