Les étudiants en droit sont sur la ligne de départ, prêts à se lancer dans la course aux stages. En attendant la première entrevue fatidique, voici un aperçu de ce parcours du combattant…
CANADA – Depuis 11 février dernier, date de fermeture du portail ViRecruit utilisé pour transmettre électroniquement leurs candidatures aux cabinets d’avocats participants à la course aux stages, les étudiants en droit sont fébriles.
L’enjeu est grand pour ces apprentis juristes: décrocher un stage de formation professionnelle du Barreau du Québec et peut-être, un premier emploi en tant qu’avocat dans un prestigieux bureau, garant d’un début de carrière prometteur.
Mais que se passe-t-il une fois les candidatures reçues par les firmes ? Comment sont-elles traitées ? Quelles sont les étapes qui jalonnent ce processus ? Droit-inc a interrogé les responsables du recrutement étudiant de quatre cabinets d’avocats.
Réception et triage des candidatures : En moyenne, entre 300 et 400 candidatures ont été reçues cette année par les cabinets d’avocats signataires de l’entente de recrutement, un nombre variable au fil des ans. Les dossiers sont ensuite transmis aux membres des comités de recrutement et répartis entre eux pour étude.
Dans certains bureaux, comme Fasken Martineau, les avocats analysent les candidatures des étudiants qui proviennent de la même université pour qu’ils puissent bien apprécier le parcours des étudiants. « Ça leur permet de mieux connaître les cours qui sont dispensés, les comités présents dans l’établissement et le type de notes affecté », souligne Me Karine Fournier,coresponsable du comité de recrutement du bureau montréalais de Fasken Martineau.
En général, chaque candidature est étudiée par au moins deux personnes. Curriculum vitae, lettre de présentation, relevés de notes, lettres de recommandation, extraits d’essais : l’ensemble du dossier est passé au crible. « Tout doit être parfait », lance MeCatherine Bleau, responsable des programmes sociétaire et étudiants chez Osler. Si une grande importance est donnée au dossier académique, il n’est pas le seul élément déterminant. « Nous ne sélectionnons pas uniquement le premier 10 % des étudiants », souligne Me Julie Doré, de BCF, à la tête du comité de recrutement de Montréal.
Première entrevue : Entre 80 et 120 candidats seront invités à venir rencontrer des avocats pour une première entrevue. « Nous voulons nous assurer d’avoir un bon bassin de candidats ; c’est lors de cette rencontre que l’on peut se faire une vraie idée à leur sujet », indique Me François Dandonneau,responsable du comité de recrutement de Gowlings. Pendant une trentaine de minutes, deux ou trois avocats du cabinet – associés et/ou collaborateurs – poseront des questions aux étudiants. « Nous voulons apprendre à les connaître et faire le tour de leur candidature », poursuit Me Dandonneau.
Chez Olser, seules 30 personnes seront convoquées pour la seule et unique entrevue organisée par le cabinet dans le cadre du processus, qui sera de fait, d’une durée d’environ une heure.
Deuxième entrevue : À l’issue des premières entrevues, les membres des comités de recrutement se réunissent pour rendre compte des rencontres et sélectionner la trentaine de candidats qui accéderont à la prochaine étape.
Chez BCF et Gowlings, la deuxième entrevue est menée par le comité de recrutement qui compte respectivement huit et cinq membres, et dure entre 45 minutes et une heure. « À ce stade, nous voulons rencontrer tous les candidats, indique Me Doré. S’ils sont convoqués une deuxième fois, c’est que nous considérons sincèrement qu’ils pourraient faire carrière chez nous. » Pour éviter que les étudiants ne soient trop impressionnés face à ce jury examinateur, un cocktail est organisé la veille pour « briser la glace » par BCF.
Du côté de Fasken Martineau, trois associés rencontreront une soixantaine d’étudiants pour s’assurer qu’ils partagent la culture du cabinet et qu’un futur est envisageable au sein de la structure.
Activités sociales : En fin de parcours, les cabinets d’avocats organisent des activités plus informelles avec une quinzaine de candidats conviés individuellement en ou petit groupe à un dîner au restaurant ou un match de hockey par exemple. Gowlings prévoit pour sa part un petit déjeuner où sont invités tous les étudiants sélectionnés. « Nous savons que les candidats sont très occupés ; nous préférons les laisser libres de leur journée », précise Me Dandonneau.
Cette dernière étape est l’occasion pour les cabinets de connaître encore un peu mieux les étudiants, mais aussi d’évaluer s’ils sont susceptibles d’accepter une offre. « C’est comme un jeu de séduction, lance à la blague Me Doré. Très souvent, les cabinets retiennent les mêmes candidats à la fin.» « Le vent tourne, le bureau est plus dans une perspective de vente », ajoute Me Fournier.
Sélection finale : Ce n’est qu’à compter du vendredi 27 mars 2015 à 8 heures que les cabinets liés par l’entente pourront formuler leurs offres aux étudiants retenus après une dernière revue du comité de recrutement pour effectuer le choix final. « Les étudiants sont souvent stressés pendant le processus, mais quand on fait les offres, le stress change de camp », lance Me Dandonneau dont le cabinet embauchera six stagiaires cette année.
Pour pouvoir recruter entre trois et cinq stagiaires, le cabinet BCF effectuera entre cinq à sept offres, les étudiants étant contactés les uns à la suite des autres, selon un classement effectué par le bureau.
Du côté d’Osler, l’objectif est d’embaucher cette année quatre à cinq stagiaires contre huit à douze pour Fasken Martineau.
Source: http://www.droit-inc.com/