[Amnesty International] Un rapport d’Amnesty International appelle à la lutte contre la corruption et à la protection des défenseurs des droits de l’homme en Afrique de l’Ouest et du Centre

“En Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, les autorités doivent lutter contre la corruption et protéger les défenseurs des droits humains, selon un rapport d’Amnesty International.

Amnesty International demande aux États d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale de cesser de persécuter les défenseurs des droits humains qui dénoncent la corruption et de prendre des mesures concrètes pour les protéger et les soutenir. Dans un nouveau rapport intitulé “Anti-Corruption Fight in Peril : Crackdown on Anti-Corruption Human Rights Defenders in West and Central Africa”, l’organisation révèle comment les militants de 19 pays de la région risquent l’arrestation, le harcèlement, la détention, les amendes et même la mort pour avoir dénoncé la corruption. Ils sont souvent visés par des procès et des poursuites pénales qui constituent des atteintes à leur liberté d’expression.

Le rapport souligne l’importance pour les gouvernements de la région de respecter leurs obligations internationales en matière de droits de l’homme, à savoir respecter, protéger, promouvoir et réaliser les droits de ceux qui luttent contre la corruption et défendent les droits de l’homme. Il souligne également la nécessité de s’attaquer à la culture de l’impunité qui alimente la corruption endémique et empêche les victimes d’accéder à la justice et à des voies de recours efficaces.

Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International, a déclaré : “La corruption est un problème de droits humains. Elle entrave la jouissance effective des droits individuels et collectifs garantis par les traités internationaux et régionaux relatifs aux droits de l’homme. Elle empêche les agents chargés de l’application de la loi, les juges, les procureurs et les avocats d’exercer leurs fonctions en toute impartialité. La corruption est à l’origine de mauvais traitements, de tortures ou de décès en détention. Elle prive de revenus les groupes économiquement et socialement vulnérables. Elle compromet la capacité des États à respecter leurs obligations en matière de droits de l’homme”.

Le rapport souligne la répression, l’intimidation et le harcèlement auxquels sont confrontés ceux qui font la lumière sur la corruption et les abus commis par les autorités en Afrique de l’Ouest et du Centre. Il s’agit notamment de l’utilisation de lois sur la diffamation et les “fake news”, d’amendes disproportionnées, d’arrestations arbitraires, de menaces et de violences physiques pour réduire au silence les activistes et les journalistes.

Le cas de la journaliste et blogueuse Samira Sabou au Niger est mentionné dans le rapport. Samira Sabou a été reconnue coupable de “diffamation par communication électronique” et condamnée à un mois de prison et à une amende pour avoir republié un article qui dénonçait la corruption dans le pays. Un autre cas concerne le journaliste Ferdinand Ayité au Togo, qui a été arrêté et condamné à trois ans de prison et à une amende pour avoir accusé des membres du gouvernement de corruption sur sa chaîne YouTube. Au Cameroun, le journaliste Martinez Zogo a été enlevé et retrouvé mort après avoir enquêté sur des allégations de détournement de fonds par des personnalités politiques et économiques proches du gouvernement.

Le rapport souligne l’absence de lois protégeant les défenseurs des droits de l’homme qui luttent contre la corruption et les préjugés des institutions judiciaires qui permettent aux pratiques de corruption de rester impunies. Les lois répressives et l’instrumentalisation des lois existantes pour faire taire les voix critiques, y compris les lanceurs d’alerte, sont également citées comme des défis à relever.

Amnesty International appelle les États à adopter et à renforcer des lois qui protègent les défenseurs des droits humains contre les représailles et qui créent un environnement sûr leur permettant d’enquêter et de dénoncer la corruption. Actuellement, seuls la Côte d’Ivoire, le Mali et le Niger ont adopté de telles lois, et seul le Ghana dispose d’une législation spécifique protégeant les dénonciateurs.

L’organisation exhorte également tous les États de la région à adopter des lois, des politiques et des pratiques visant à assurer une protection efficace contre la corruption et à poursuivre les responsables de ce fléau. En outre, Amnesty International invite les personnes talentueuses et passionnées par les droits de l’homme à s’impliquer.

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