ARABIE SAOUDITE – Ecole sénégalaise de DJEDDAH : De bons résultats malgré le manque de moyens financiers

Avec 300 élèves de 14 nationalités, l’Ecole sénégalaise de Djeddah est parmi celles qui comptent en Arabie saoudite, du fait de ses bons résultats. Malgré tout, elle est confrontée à d’énormes problèmes dont l’absence de soutien financier et la reconnaissance de l’Etat sénégalais. Sans compter l’exigüité de ses locaux où elle a tendance à s’étouffer.

Djeddah (Arabie saoudite) : Jusque dans les années 1988-1989, la communauté sénégalaise de Djeddah connaissait «des problèmes de scolarisation de ses enfants». D’autant que l’enseignement francophone n’était pas très développé en Arabie saoudite. Et très peu nombreux étaient ceux qui avaient les moyens d’envoyer leurs enfants dans les établissements scolaires. Alors, des bonnes volontés se sont retrouvées pour créer l’Ecole sénégalaise de Djeddah afin de se doter d’un «cadre normal d’une éducation saine». Car, «nous sommes appelés à retourner au pays», a expliqué M. Dakhaba Coulibaly, actuel directeur de l’école qui tient en même temps la classe de CM2. Aujourd’hui, l’établissement compte près de 300 élèves de 14 nationalités (dont des Yéménites) avec des classes qui vont du préscolaire à la Terminale. Ce qui fait pratiquement de cette école communautaire reconnue par les autorités saoudiennes une «école panafricaine», selon M. Coulibaly, où l’on enseigne le français, l’arabe et l’anglais.

Grosses difficultés

N’empêche, l’Ecole sénégalaise de Djeddah se débat dans de grosses difficultés. «Surtout financières», insiste le directeur. «En effet, argumente-t-il, le niveau de vie est très élevé en Arabie saoudite et les ressortissants sénégalais ne sont pas spécialement riches. D’ailleurs, certains ne sont même pas en mesure de nous envoyer leurs enfants. Cela nous fend le cœur, mais nous n’y pouvons rien». Si au moins l’Etat se souvenait qu’à Djeddah de bonnes volontés se ceignent les reins pour s’occuper d’une mission régalienne… «Or, notre budget est loin d’être costaud ; et si nous avons reçu par deux fois des aides du président de la République, aucune subvention ne nous a jamais été accordée alors que nous avons fourni, tous les documents concernant cette école, aux autorités compétentes», se désole M. Dakhaba Coulibaly. Il reconnaît cependant que du matériel didactique (livres et cahiers) lui est parfois accordé. Sinon, «l’école se prend totalement en charge», ajoute M. Mamadou Talibé Diallo, proviseur du lycée, ouvert cette année et également prof de français et de philo. «Elle paie la location des locaux et les salaires des enseignants», précise-t-il. D’ailleurs, il est plus «généreux» que son collègue Coulibaly qui préfère parler de «primes et non de salaires», en espérant une amélioration future de la situation pour régulariser tout cela. «Dieu sait pourtant que chaque année, la plupart des 22 enseignants (10 professeurs et 12 instituteurs pour le préscolaire et le primaire) reçoivent des propositions beaucoup plus intéressantes financièrement. Mais ils refusent de quitter du fait de leur fibre patriotique. Car, cette Ecole sénégalaise, c’est notre joyau, notre bien à nous», soutient M. le Directeur. La preuve, M. Diallo, le proviseur – prof de français et de philo avait commencé à enseigner à l’Ecole guinéenne de Djeddah, mais a préféré «venir servir son pays» même s’il a perdu (financièrement) dans l’opération.

Un cadre vieillot

Du fait de ce manque de moyens financiers, l’Ecole sénégalaise de Djeddah est obligée d’évoluer dans un cadre plutôt vieillot et quelque peu étroit avec par ci une classe qui donne sur presque sur une autre et par là un container qui fait office de classe de Première (Economie sociale) avec 3 élèves. «Nous manquons d’espace pour certaines activités pédagogiques. Par exemple, les 2 heures d’EPS par semaine sont largement insuffisantes, mais on est obligé de faire avec», se désole le proviseur Diallo. En plus, il faut faire face à un milieu socioculturel saoudien très différent de celui du Sénégal. «Ce qui fait un double travail pour les enseignants obligés de tenir compte de certaines réalités locales», selon lui. Mais lui et ses collègues sont assez patriotes pour relever le défi. Ils regrettent simplement d’évoluer quelque peu en marge du système scolaire sénégalais dont ils appliquent pourtant le programme. Car, même si les autorités de l’éducation nationale sont parfaitement informées de l’existence de cette école, elles ne semblent guère se préoccuper de son fonctionnement.

De notre envoyé spécial Babacar Khalifa NDIAYE

http://www.lesoleil.sn

25/11/2011

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